Mon plan: Bâtir un complice!
Au marathon d’Ottawa, je voulais valider que mon plan est en train de m’amener là où je veux aller.
Je veux devenir endurante. Une coureuse qui résiste bien à la fatigue. Une coureuse genre «née pour courir longtemps».
Je me suis donné du temps. Des années. Parce que c’est un projet en plusieurs étapes.
Je suis un arbre.
Ça prend du temps.
Mais à la fin, s’il a fait la bonne chose et dans la bonne direction, je vous jure, il n’y a rien de plus beau qu’un grand arbre fort et imposant.
Mon body sera fort et imposant.
Ça vous fait sourire je sais bien, que je veuille être forte et imposante!
Surtout que je veux courir léger.
Bon.
Revenons à nos moutons:
Le plan, donc:
- Bien courir. Je veux dire bien utiliser mon corps. Faire le bon geste. Pas sur les talons, pas sur le bout des pieds, le regard au loin, les bras relax, les abdos impliqués et tout le reste. Courir bien quoi! Courir ce n’est pas marcher. Utiliser les bons muscles pour faire la bonne chose comme les quadriceps à la course servent à absorber l’impact et non pas à aller porter le pied loin devant soi. Et tout le reste. Trop le fun de faire la bonne chose. Ça court tellement mieux. Tellement plus le fun.
- Éviter les blessures. Principalement en apprenant à respecter mon corps. À l’écouter. À suivre son rythme. Il a besoin de repos, bien voilà, juste à aller moins vite. Pourquoi je m’obstinerais? Il a toujours le dernier mot. Et je le sais. Je l’ai appris à mes dépens. J’ai longtemps été blessée. C’était toujours la faute des autres. C’était toujours arrivé je sais pas comment… De la malchance quoi! Je m’auto-racontais des histoires. Et je les racontais à mes amis, à ma famille, et je crois même que j’en parlais au gars du dépanneur quand j’y allais! Fallait bien me convaincre que je n’avais rien à voir avec cette blessure, mais vraiment aucune responsabilité!
- L’écouter ce corps. Ça veut dire l’écouter bien avant qu’il ne crie. Au moindre murmure d’inconfort, je «slaque la poulie». C’est quoi un «murmure d’inconfort»? Voilà, ça se passe toujours au réveil. Je dépose les pieds au sol et voilà que «j’ai» un genou, ou un pied ou un tendon d’Achille. En tout cas, j’ai comme quelque chose de nouveau. Au lieu de penser à mes soucis, et à ma todo list, voilà que je pense à mon pied droit, là plus spécifiquement au talon. C’est ça un murmure. Parce qu’habituellement je me réveille sans corps. Juste avec l’immense todo list de la journée.
- Courir léger. Apprendre à économiser l’énergie. Courir avec moins de gaz, ça permet de courir plus longtemps avec un réservoir. Je veux être la championne. Être la plus écoénergétique possible. Probablement que je gagnerais un prix quand ce sera fait. Un prix LEED ou je ne sais pas quoi!
- Me débarrasser du stress de performer. Laisser le corps donner ce qu’il a, tout simplement. Lui donner tout ce qui est possible pour qu’il donne beaucoup. Ça veut dire ne PAS abuser de lui. Ça veut dire l’aimer. Ça veut dire prendre soin de lui.
- Courir beaucoup. Et beaucoup lentement. Mes longues distances je les fais maintenant en écoutant les podcasts de Radio-Canada, tsé genre Classe Économique et Les Années Lumière. Je vous jure, il n’y a rien de mieux pour respecter le rythme lent. Adorable. Pourquoi se presser? Il y a quelqu’un qui est en train de me raconter une histoire, pourquoi je voudrais que ça arrête?
Je vous dis: Marathon de Paris 12 avril, Ultramarathon 50 km de Bear le 3 mai et marathon d’Ottawa le 24 mai. Trois marathons en six semaines. Et je file tellement bien. Je ne sais pas moi, mais mon corps en ce moment il aime bien comment je le traite!
Comme un vrai complice, il est prêt à me suivre partout!
Le traitez-vous comme un complice vous votre corps?
Ou comme une vache de laquelle on veut tirer soixante litres de lait par jour et la tuer dans trois ans parce qu’elle est finie?
Allez soyez honnête!
Je ne veux plus vous voir blessés. Faites ce qu’il faut. Vous avez ce qu’il faut.
Aimez votre complice passionnément et traitez-le tout doucement. Il vous suivra dans toutes vos aventures!
C’est un bon plan, non?
Allez, je vous aime!