Cape-Town, Afrique du Sud, 1er décembre 2018. Comment vous raconter mon aventure? MMmmm. J’étais inscrite à l’Ultra-Marathon de 100 km qui fait partie du Word Tour, un circuit de course prestigieux et exigeant. J’étais là pour le courir. Je n’avais aucun doute de mon succès. J’étais confiante. Mais ça n’a pas marché, rien n’a été comme prévu. Dès le début, ça a déraillé. Est-ce que je suis déçue? Non. Triste? Non. Recevoir une bonne leçon de la vie ne me rend pas triste. Je la prends cette leçon et je l’ajoute à mon encyclopédie personnelle. Toutes les leçons de la vie servent. La prochaine fois je m’y prendrai différemment, j’évaluerai le tout d’une autre façon.

Certains ont besoin de beaucoup pour être heureux et de peu pour être malheureux. Ce «peu» les fout à terre pour plusieurs jours. Le 1er décembre pour moi, ça n’a pas marché comme prévu. Pas du tout. Rien n’a marché en fait. So what? J’étais à Cape Town, dans cette ville merveilleuse à l’autre bout de la planète. Ma première fois en Afrique! Lors de cette course, j’ai eu la chance de découvrir la nature environnante pendant 38 km. C’est un événement incroyable que je n’oublierai pas de sitôt! J’ai toutes les raisons du monde de sourire. De plus, la veille de ma course plusieurs amis m’ont écrit des messages d’encouragement et de motivation sur Facebook.

Je n’ai aucune raison de me plaindre et de geindre. J’ai une leçon de plus. Ce n’est pas rien ça!

Ma leçon, je la partage.

Vendredi soir, veille de la course, à la séance d’information, je regardais les participants autour de moi. Ouf! Beaucoup de jeunes hommes très athlétiques montés sur des «springs»! Des cheveux blancs, il n’y en avait presque pas. J’avais l’impression d’être un joueur de hockey pee-wee dans le vestiaire des joueurs de la LNH! Je commençais à me dire que ce n’était pas une course pour les madames «pout-pout» comme moi! Il m’a effleuré l’esprit de demander un transfert pour le 65 km. Mais non, je voulais voir le maximum de paysage et de nature. J’ai donc conservé mon 100km, en me disant que je ferais ça tout doux et que je devrais arriver une des dernières dans le «cut-off» de 17h20 qui m’était alloué pour compléter l’épreuve.

Mon 80 km à Squamish l’été dernier, couru avec une certaine facilité m’avait donné beaucoup de confiance, ou embrouillé l’esprit, c’est selon. J’avais parcouru les 80 km en 13h19 en terminant avec le sourire. Là, j’avais 100 km à faire en 17h20, je croyais bien que j’étais OK. C’est ce que les mathématiques disaient. Mais les chiffres, ça ne dit pas tout.

Il fait chaud en Afrique du Sud, cette chaleur je vais devoir la combattre. Ensuite, je n’ai pas réussi à me remettre du décalage horaire. Arrivée jeudi à midi, après deux jours d’avion, un vol de 12 heures et un vol de 7 heures, je ne suis pas à mon meilleur au niveau énergie! Pas moyen de fermer l’oeil la nuit de la course. C’est réellement une absence totale de conditions gagnantes.

Je sors du lit à 2h30 du matin. Préparation habituelle, mais là bizarrement je suis vraiment nerveuse. Comme surexcitée. Habituellement, au matin d’une course je prends tout ça à la légère. J’aime ça les événements et je suis toujours en mode «récompense». Mais pas ce matin. Là, je suis sous haute tension. Tendue comme un arc. Je déjeune avec de la bouffe à laquelle je ne suis pas habituée. J’ai ramassé ce que je pouvais hier. Et comme je ne veux pas éveiller des hôtes chez qui je suis, je grignote ça en m’ajoutant le stress de ne pas faire de bruit.

Sur cette épreuve, le 100 km, nous sommes seulement deux femmes au-dessus de cinquante ans. Hum. Si je termine, oups, ça commence à entrer dans mon cerveau, ce genre de pensée. Ça aussi c’est inhabituel, bien si je termine je vais avoir une bonne position dans ma catégorie! C’est censé être drôle, mais en fait je ne trouve pas cela drôle. Plutôt inquiétant. Je regarde les coureurs autour, ils ont vraiment tous des «looks» de champions! Bon, de toute façon, c’est trop tard. On se lance, faut arrêter de t’énerver Josée ce matin. Tu es habituée de participer à des courses de longue distance, non? C’est pas un 100 km qui va te tuer? Allez!!

Dès les débuts, à quelques reprises, dans la piste rocailleuse, je m’accroche les pieds. Houlà, ça ne m’arrive pas d’habitude. Que se passe-t-il? Mon pas léger est disparu on dirait bien! Après deux heures de course, à peu près 15 km de fait, je ne ressens pas le goût de manger. J’ai comme une petite inquiétude là, mais bon, ça va aller que je me dis, ce n’est pas ma première course. Je pars doucement, tout doucement. J’ai quand même 100 km à faire, il ne faut pas l’oublier.

Voilà donc que pour les 20 premiers kilomètres ça va assez bien. Puis, ça commence à monter solidement, et monter, et monter encore. Deux km d’ascension infernale vers la Table Mountain. Les gens sains d’esprit vont en haut de la Table Mountain en téléphérique, mais bon, nous les coureurs de sentiers, on est un peu fous c’est sûr. C’est à ce moment que le manque de sommeil, de nourriture et de repos m’ont donnés un grand coup. Je me suis mise à défaillir. À plusieurs reprises, j’ai dû m’assoir sur le bas côté du sentier pour stabiliser mon état. Je ne voulais surtout pas être malade là au milieu des gens et du sentier. Je vous épargne les détails, mais ça n’allait pas bien du tout. Je devais avoir une tête pas jolie, car les coureurs qui me dépassaient s’enquéraient de mon état.

J’ai continué avec mes arrêts forcés. C’était étrange, mais le temps ne passait pas. Mais en même temps, je ne le voyais pas passer. C’est comme si j’avais été dans une bulle hors du temps. Captive dans une bulle paralysée. Pâle et suante. Une beauté je vous dit pas!

Étrangement, je n’étais pas essoufflée, mes jambes n’étaient pas fatiguées. Mon système d’énergie ne fonctionnait pas et ça, c’était un problème. Un réservoir d’essence vide ça n’avance pas bien. Après une éternité, arriva la fin de cette montée diabolique. Ouf, je croyais bien pouvoir reprendre le dessus. Me donner un peu de temps pour me stabiliser. Mais je n’avais pas pensé qu’un monsieur en haut, un officiel de la course, était pour m’arrêter là direct. Comme un petit uppercut. Ce monsieur scanne mon dossard et me dit, «vous êtes en retard de 40 minutes sur le «cut-off». Au prochain ravitaillement, vous pouvez continuer et vous joindre au 65 km, mais pour le 100 km c’est terminé».

Ah, ça casse un peu plus la madame que je suis. Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire. Le prochain ravitaillement est à 6 km. Je continue. Ça ne va guère mieux, mais au moins ça ne monte plus. Sauf que c’est terriblement rocailleux. Pas moyen de courir dans ça. Et il faut être attentif, le moindre faux pas et on est bon pour l’hôpital. Finalement, le 6 km est plutôt un 8 km. Ça n’en finit pas. Bon arrive le «ravito». Je dois bien constater que je ne peux pas manger. Rien ne rentre. Tout me lève le coeur. La table est pleine de bonne nourriture, mais rien n’y fait. Ce n’est pas optimal pour courir. C’est à cet endroit que j’ai compris que la journée était terminée. J’ai, de peine et de misère, continué jusqu’au 38e km, là où je pouvais faire venir un Uber pour me ramener à la chambre et enfin dormir.

J’ai couru, me suis trainée en fait, pendant plus de huit heures, avec pour seule nourriture, un paquet de jujube Honey Stingner de 200 calories et quelques gorgées de Coke. Rien d’autre. Il était temps que ça finisse!

Toutes les leçons de course que je connais et que je partage avec mes amis des cliniques, pour cet événement, je les ai ignorées. J’ai eu une superbe progression cette année. Je me pensais invincible. J’ai mal évalué la bête de cet ultra-trail. Puis, j’ai mal évalué mes capacités dans ces conditions moins qu’optimales.

La p’tite Jojo a payé pour! Comme dit l’athlète élite américaine Molly Huddle «Not always perfect, but definitely always worth it»! Et pour valoir le coup, ça valait le coup!

Au niveau santé, ce n’est rien de grave cet arrêt forcé. Après une courte sieste et une douche chaude, je me suis rendue en ville où j’ai mangé un petit quelque chose. Puis la nuit suivante, j’ai dormi comme un bébé. Tout allait bien. J’étais en vacances pour dix jours de plus. Je m’en allais voir les hippopotames, les girafes, les éléphants africains, qui sont les plus grands au monde, les buffles, les gazelles, les rhinocéros et bien d’autres beautés de l’Afrique. Vous pensez que j’étais triste? Mais non. Tout allait «top-notch».

Je vais prendre le temps de revoir mon année 2019 sous le jour de cette nouvelle expérience. Je vais réfléchir un peu. Je pourrais le refaire un jour cet ultra de fou! Mais avec des amis. Les amis, si vous ne le savez pas, ça aide énormément à courir un ultra ou un 5 km. Je ne suis pas accro à l’alcool, ni à la drogue, mais à la course avec des amis, ça, c’est ma grosse dépendance!

Puis j’arriverai une semaine avant la course. Une des élites, lors de la rencontre pré-course de la veille racontait qu’elle était arrivée une semaine à l’avance pour avoir le temps de s’acclimater et de se reposer. Une sage, cette jeune demoiselle. Pas comme moi!

Mais surtout, le «cut-off» de 17 heures de cette course technique avec beaucoup de dénivelé, est très serré pour moi. Va falloir que je sois beaucoup plus rapide, plus efficace dans les sentiers techniques. À ceux qui font la Radisson, la portion en escalier, à Mont-Saint-Hilaire ou encore, le sentier des Crètes à Orford est un pâle reflet de la course de Cape Town. Faut être fort ou fou et idéalement, les deux pour s’y colletailler! Ça n’a rien à voir avec le 80 km de Squamish. Si vous voulez courir un jour l’ UTCT, soyez prêts, car lui, il est prêt et vous attend de pied ferme!

Voilà!

Allez, je vous aime. 2019 sera une superbe année.

Maintenant, j’ai le goût de vous partager le reste de mon voyage en Afrique. Un séjour de neuf jours de plus à voir les beautés du Botswana, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud. Des pays que je n’aurais pas été capable de situer sur la carte du monde voilà quelques semaines. Je les ai découverts avec plaisir. Je sais, ce segment n’a rien à voir avec la course. Quoiqu’un petit peu quand même. J’ai vu des éléphants, des rhinocéros et des girafes trottiner doucement. Un peu comme moi finalement. Un trottinage léger tout en douceur et en bonheur accompagné d’amis!

Au début septembre, Éric Alvarez lors d’une sortie de course me parle d’une course superbe à faire en fin d’année et qui fait partie du World Tour. L’Ultra-Trail de Cape-Town. De retour à la maison, juste pour le fun, j’ai navigué sur le web à la recherche d’informations. Si je fais cette course, je pourrais ajouter un segment après? Mmmm. Mais j’ai toujours pensé qu’aller faire un safari en Afrique coûtait au minimum 6000$ et même jusqu’à 10 000$. C’est sûr que je ne peux pas dépenser ce type de montant. Bon, je continue à naviguer sur le web et là je me souviens qu’en 2005, j’avais été faire un voyage de cinq semaines dans les pays d’Europe de l’Est avec l’agence de voyages Intrepid Travel. Ils offrent des voyages abordables de type «Basix» et très en contact avec les gens locaux et les entreprises locales. Je regarde donc sur leur site web.

Et là, ça fait boom! Je suis tombée sur un voyage de neuf jours avec eux à 1356$ canadiens incluant presque tous les repas, les visites et les excursions de type safari. De Victoria Falls au Zimbabwe jusqu’à Johannesburg en Afrique du Sud en passant, entre autres, par Kruger Park. Du camping pas «glamour» du tout dans des endroits reculés en contact avec les locaux. Accompagnés d’un chef, d’un chauffeur et d’un guide qui parle toutes les langues du coin. Me semble, que ça a l’air le fun. Je regarde du côté du billet d’avion. Et je trouve à 1036$ canadien pour un aller-retour. Je fais le calcul et je me dis que deux semaines à Cuba dans un tout inclus m’auraient couté plus cher que ça. À moi un petit bout de l’immense Afrique! Pour une première fois dans ma vie! Yes!

Ce voyage de groupe a été merveilleux! Nous étions 17 personnes de partout. De Vancouver, de Londres, de l’Écosse, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse, des États-Unis, de Washington DC, etc. Deux voyages en un. Des gens de partout dans un lieu inconnu. Des gens sympathiques au possible tous passionnés de nature et d’aventure. Pas un seul chialeux. Juste des sourires qu’il y avait et surtout, surtout beaucoup d’émerveillement. Nous n’étions pas arrêtables!

Voici quelques photos de nos aventures et découvertes. Si vous avez le goût un jour de faire ce voyage, n’hésitez pas à me contacter, je vous en parlerai en long et en large!