Ce Stonemill 50 miles a été un moment incroyable et cela en partie grâce à Maude Langlois. Courir avec toi du lever du soleil au coucher du soleil a été une très belle expérience. Nous étions en mouvement tout en douceur dans les sentiers du Maryland. Le soleil est apparu au cinquième kilomètre et il est resté avec nous à nous réchauffer le coeur et les jambes pendant toute cette magnifique journée. Il a fait monter le thermomètre à onze degrés. Il avait envoyé se promener au loin les nuages et la pluie. C’était juste du bonheur et du bleu à perte de vue.

Puis nous filions tout doucement comme si nous ne touchions pas à terre. Des gazelles au petit trot dans les bois. Nous ne jasions pas tellement. Un peu en introspection je pense. Un peu concentrées sur la tâche à faire. C’était notre premier 50 miles. Nous étions inquiètes mais sûres de nous. Voyez-vous le drôle de mélange d’émotions. Pas si facile à gérer, pas si facile à comprendre. Nous savions que nous avions de la job pour toute la journée.

Il fallait y aller doucement, épargner la monture, la respecter, l’aimer, la cajoler, et bien sûr, l’hydrater et la nourrir convenablement. Pour ceux qui ne font pas d’ultramarathon, vous n’y comprendrez rien, mais l’hydratation comprenait, entre autres, du Coke et du bouillon de poulet. La nutrition comprenait entre autres, des chips, du chocolat, des bretzels, et des patates bouillies avec du sel. Hé oui, c’est ce que nous offrent les gentils bénévoles lors de nos grandes courses dans les bois. Il y a aussi des fruits et autres collations et breuvages de qualité. Mais étrangement, le «junk food» est bien bon dans ces moments-là.

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Et voilà ce qu’il fallait à cette petite machine sur deux pattes chaussée de ses souliers préférés avec son kit de course préféré. Une vraie «warrior», capable de tout quand on lui en donne la chance, qu’on la traite avec amour et respect, qu’on la prépare bien et qu’on la laisse aller à son rythme à elle.

Je suis très fière de nous. Nous avons fait la job. Je veux aussi dire un «merci» grand comme la terre à Maude pour avoir eu confiance en moi. Elle m’a laissée être la guide de l’allure pendant presque toute la course. J’étais à l’avant. Elle était juste là à trois foulées en arrière de moi. Présente, toute silencieuse, pas essoufflée une seconde. Solide comme un arbre. Je sentais sa force juste là en arrière. Je l’utilisais cette force. Je la lançais vers l’avant pour nous ouvrir la route. Nous étions une locomotive qui avançait avec force et ténacité.

À un moment, deux hommes se sont accrochés à nous. Ils n’en revenaient pas les gars. Nous filions. Un à dit à Maude: «Is she in a mission?» en parlant de moi. Oh oui, mon homme, toute une mission: rejoindre nos hommes et sabrer le champagne! Et puis le réussir ce quatre-vingts kilomètres. Parce que ce n’est pas de la petite bière. Il faut respecter la distance, la jauger, la mesurer et la regarder en face la tête bien droite.

J’avais ma stratégie pour la réussir. Vous la voulez? Je vous explique un peu d’accord?

  1. Courir léger. Ne pas faire de bruit.
  2. Laisser mon poids au niveau de mes hanches. Ne pas le laisser aller vers le sol.
  3. Danser tout au long du parcours. Comme quand j’avais 18 ans et que je pouvais danser toute la nuit. Avec les hanches, aller vers l’avant. Laisser le rythme me prendre et m’emporter.
  4. Les abdos qui alignent les bras et les jambes vers l’avant dans un mouvement d’une totale collaboration.
  5. Relaxer.
  6. Aucun essoufflement n’est permis.
  7. Rien ne pouvait être crispé.
  8. Ne pas aller vite.
  9. Partir doucement.
  10. Courir doucement.
  11. Terminer avec le sourire.

Le lendemain de la course, nous avons fait un dix heures de route pour revenir de cette belle région. J’ai eu le temps de réfléchir, de revoir la course et de la revivre.

Ma conclusion est que ma victoire est à demi due à Maude, à demi à Lionel qui me suit partout depuis si longtemps, à demi à mes amis avec qui j’ai couru partout cette année, à demi à ma discipline. Avec tout ça, si vous savez compter, j’étais à 200% prête pour que la réussite soit au rendez-vous à la fin de cette belle journée du 12 novembre 2016.

Tout est parfait, ça a été une très belle année 2016.

Et 2017?

Au retour, nous sommes arrêtées manger au restaurant. Une grande bouteille de vin était là à nous taquiner: Son nom «Centine». Pourquoi pas un 100 kilomètres la prochaine fois? Dans un beau coin? Miam, ça sonne intéressant comme tout ce programme! Dans la voiture, nous étions déjà en train de nous laisser inspirer par les photos du Canadian Running.